Le logiciel libre doit être prioritaire et central dans la stratégie numérique du Québec

FACIL, pour l'appropriation collective de l'informatique libre (FACIL) juge méritoires plusieurs des orientations de la stratégie gouvernementale en TI dévoilée par le ministre Coiteux vendredi dernier, mais déplore que le logiciel libre n'y soit toujours pas prioritaire et central comme il devrait l'être.

Les 36 mesures de la stratégie intitulée Rénover l'État par les technologies de l'information[1] couvrent beaucoup de terrain et demanderont par conséquent une analyse approfondie. Après consultation auprès de ses membres au courant de l'été, FACIL produira un document de critique constructive qu'il remettra au ministre Coiteux cet automne, dans le cadre de la Semaine québécoise de l'informatique libre (SQIL)[2] .

Première analyse : deux exemples concrets et constructifs d'amélioration de la stratégie

Au terme d'une première analyse, FACIL croit que la philosophie et les principes du libre peuvent guider la réflexion sur bon nombre des questions traitées dans la stratégie. À titre d'exemple, pensons aux diverses mesures portant sur la construction de l'expertise interne, la mutualisation des ressources et le passage à l'infonuagique. Il est important de savoir que dans la conjoncture actuelle, seule l'infonuagique libre constitue une véritable occasion pour l'État de reprendre le contrôle sur son informatique tout en économisant des sommes colossales. À l'inverse, l'infonuagique non libre serait la meilleure façon de consolider la dépendance de l'État envers quelques grandes firmes externes et de renoncer à disposer des moyens de protéger adéquatement les renseignements personnels et confidentiels des citoyens grâce à l'audit indépendant du code source des logiciels utilisés. De plus, le développement d'une industrie québécoise d'infonuagique libre participerait à la création d'un grand nombre d'excellents emplois en haute technologie.

Autre exemple : la stratégie mentionne l'important et nécessaire «virage de la mobilité» dans l'offre des services publics numériques. À ce sujet, il faut souligner que si le Government Digital Service (GDS)[3] réussit si bien la transformation des services publics numériques du Royaume-Uni depuis 2011, c'est en bonne partie parce qu'on a opté prioritairement pour le développement de services adaptatifs[4], c'est-à-dire des services qui fonctionnent aussi bien sur les appareils mobiles que non mobiles. Comment réalise-t-on de tels services ? En exploitant tous les avantages des logiciels libres et d'une adhésion rigoureuse aux normes ouvertes d'HTML5[5].

Enquête publique et débat sur l'avenir numérique du Québec

FACIL déplore encore une fois le rejet d'une véritable enquête indépendante sur les causes des ratés en informatique. «Comme ses prédécesseurs, le ministre Coiteux fait le pari que des changements de gouvernance et de gestion corrigeront le problème : nous espérons pour le trésor public québécois qu'il a raison et que nous avons tort.», conclut le président de FACIL, Mathieu Gauthier-Pilote.

FACIL croit par ailleurs que ce n'est rien de moins qu'un exercice comme la «Concertation nationale sur le numérique» organisée en France par le Conseil national du numérique (CNNum)[6] du 4 octobre 2014 au 4 février 2015 dont le Québec a besoin. Un processus participatif et ouvert à tous est la seule façon d'aboutir à une «ambition numérique» québécoise dont nous pourrons tous être fiers et solidaires.

À propos de FACIL

Fondé en avril 2003, FACIL, pour l'appropriation collective de l'informatique libre (FACIL) est un organisme sans but lucratif dont le mandat est de promouvoir une informatique alternative face à l'informatique liberticide promue par les principaux joueurs de l'industrie du numérique. FACIL fait la pédagogie de l'informatique libre et mène de front la bataille pour le logiciel libre, la culture libre, le matériel libre, les standards libres et ouverts, la libération des données d'intérêt public, le respect de la vie privée, la neutralité du réseau Internet. Au cœur de nos préoccupations sont les droits et libertés de l'humain et l'égalité sociale face au numérique.


[1]. http://www.tresor.gouv.qc.ca/nouvelles/article/renover-letat-par-les-ti-un-coup-de-barre-dans-les-technologies-de-linformation/
[2]. http://2015.sqil.info/
[3]. https://gds.blog.gov.uk/about/
[4]. https://fr.wikipedia.org/wiki/Site_web_adaptatif
[5]. http://www.w3.org/TR/html5/
[6]. http://www.cnnumerique.fr/

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